Botox et migraine

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Résumé de l’interview du Dr. Andrew Blumenfeld

– Migraine World Summit 2019-

Si vous êtes un tantinet curieux quant au fonctionnement du Botox, où tout simplement sceptique en ce qui concerne son utilisation, alors cet article est fait pour vous. 

Beaucoup de personnes pensent que le Botox est un traitement réservé au domaine de l’esthétique, alors que d’autre y voient un chemin menant à la nouvelle CGRP (Calcitonin gene-related peptide), autrement dit, une nouvelle thérapie dans le traitement de la migraine. Dans cette interview, nous allons aborder certaines questions fréquemment posées autour du Botox. Nous nous attardons sur les questions posées au Dr Andrew Blumenfeld, praticien et spécialiste chevronné des céphalées. Le docteur Blumenfeld est directeur du Headache Center of Southern California, et a aussi été chercheur dans de nombreuses études. Il a également formé d’autres médecins à l’utilisation de ce médicament injectable.

Comment a-t-on découvert que le Botox avait des bienfaits sur les migraines chroniques ?

Dr Blumenfeld : La découverte a été inopinée. C’est un traitement qui était utilisé dans le domaine de l’esthétique dans le début des années 90, et plus spécifiquement à Beverly Hills, par le médecin William Binder. Il injectait le produit autour des yeux et sur le front de ses patients (majoritairement de sexes féminins d’une quarantaine d’années), période où les migraines sont à leur apogée. Il remarqua que leurs migraines s’amélioraient et diminuaient grâce à ces fameuses injections. Il fut donc le premier à publier des recherches concernant l’utilisation du Botox pour traiter les migraines. Il a donc vite remarqué que ses patient(e)s revenaient en lui disant quelque chose qui était plutôt inattendu quant à l’utilisation du Botox.

Est-ce vrai qu’un grand nombre de personneS utilisant le Botox pour traiter leur migraines chroniques bénéficient aussi des effets esthétiques ?

Dr Blumenfeld : Ce n’est pas vraiment exact. Quand on regarde les emplacements auxquels sont fait les injections pour les migraines, il y en a 31, qui sont tous autour des fibres transmettant la douleur au cerveau. Nous injectons donc le médicament dans les muscles. Mais le mal de tête ne vient pas de ces muscles hyperactifs mais bien du cerveau, les fibres ne sont que le moteur entretenant la douleur. En bloquant ces fibres, il est alors possible de stopper le mal de tête. Toutes ces zones ont des terminaisons nerveuses, et ce ne sont pas nécessairement là où nous injectons le Botox dans un but esthétique.

Le Botox contient-il des substances dangereuses ?

Dr Blumenfeld : Si vous prenez des doses massives, alors oui c’est dangereux. De plus, s’il est injecté aux mauvais endroits, cela peut aussi être potentiellement dangereux. Mais si le Botox est injecté dans les zones recommandées, alors il n’y aucun effet secondaire grave. Les effets secondaires ressentis sont surtout le relâchement des muscles où ont été fait les injections. Vous pouvez alors avoir du mal à hausser les sourcils, ou ressentir une sensation d’inconfort dans la nuque. Mais la plupart de ces effets sont transitoires et dus aux injections dans les muscles profonds (ce qui est au passage, une mauvaise utilisation). Bien utilisé, les effets secondaires sont relativement minimes.

Le Botox est susceptible d’avoir des effets indésirables telS que des maux de têtes, les paupières tombantes, des douleurs dans le cou ou encore des spasmes musculaires. QuelLE en est la fréquence ?

Dr Blumenfeld : Cela dépend de la technique utilisé par le praticien. Plus le praticien s’y connaît, moins vous avez de chance de ressentir ces effets. Nous avons publié au cours de l’année un article dans le Headache Journal au sujet de l’amélioration des techniques d’injection, notamment pour limiter les effets secondaires. Vous devriez donc voir cela chez moins de 3 % des patients. Et quand les effets secondaires se manifestent, c’est vraiment temporaire et transitoire. En ce qui concerne les douleurs au cou, dans les essais cliniques, nous avons observé cela chez environ 9 % des patients. Mais en utilisant la technique que nous avons développée pour réduire l’incidence des injections superficielles, le nombre de patients a diminué à 4 % dans un essai contrôlé. Je pense donc que, encore une fois, il est essentiel de trouver un bon praticien pour atteindre l’efficacité tout en limitant les effets secondaires.

Source : https://migraineworldsummit.com/resource/botox-separating-fact-from-fiction/

Traduit par Elise Pinoteau, bénévole à la Voix des Migraineux

Mis en ligne en septembre 2021

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