Les déclencheurs
Les informations fournies sur ce site ne remplacent en aucun cas celles des neurologues spécialisés.
Elles sont destinées à améliorer et non à remplacer la relation directe entre le patient et le professionnel de santé.
Qu’est-ce qu’un déclencheur ?
Selon le dictionnaire Larousse :
– un déclencheur : pièce qui déclenche un mécanisme,
– déclencher : provoquer par l’intermédiaire d’un mécanisme la mise en marche d’un appareil, d’un mécanisme.
Dans le cas de la migraine, c’est un élément (stimulus) qui provoque la mise en marche des mécanismes qui conduisent à la migraine.
Le cerveau du malade migraineux est hyperexcitable (voir l’onglet une maladie neurologique). Il réagit de façon anormale à des éléments externes ou internes qui sont sans conséquence pour les non-migraineux. Il est hypersensible aux moindres variations.
Le malade migraineux se retrouve dans la situation d’un équilibriste contraint de tenir compte de l’épaisseur de la corde, du vent, de ses capacités…
Chaque migraineux étant différent, avec un capital génétique différent, nous ne réagissons pas tous aux mêmes déclencheurs. Pour certains, ce sera la lumière, pour d’autres les parfums. La plupart des migraineux réagissent à de nombreux déclencheurs.
Quel est l’intérêt d’identifier ses déclencheurs ?
Le principal intérêt est de pouvoir éviter les crises de migraines liées à ces déclencheurs.
En évitant ainsi certaines crises, non seulement on évite des souffrances mais aussi le nombre de médicaments de crise pris sur un mois.
On évite aussi les crises trop rapprochées qui augmentent la sensibilité de notre cerveau puisqu’il n’a pas le temps de récupérer.
Quel est l’intérêt de limiter le nombre des médicaments de crise sur un mois ?
Malheureusement, la prise répétée de traitements de crise peut conduire à la migraine chronique.
Les neurologues recommandent de ne pas dépasser 12 triptans par mois et 15 AINS par mois.
D’autres part, ces traitements présentent des risques au long cours pour le foie, l’estomac, les reins.
Comment peut-on identifier ses déclencheurs ?
Parfois, c’est assez facile. Si chaque fois qu’on est confronté à une situation donnée, une crise survient, on peut en conclure que ce sont des déclencheurs.
La tenue d’un calendrier peut également nous aider, comme nous le verrons par la suite.
Quels sont les déclencheurs les plus fréquents ?
- les odeurs,
- les lumières fortes,
- le bruit,
- la météo,
- la pression atmosphérique,
- la chaleur,
- dormir et manger à des heures irrégulières,
- les transports,
- les activités physiques trop intenses,
- les autres types de céphalées,
- la douleur,
- les hormones,
- la fatigue,
- la faim,
- la déshydratation,
- les espaces confinés,
- l’excès de caféine,
- l’alcool ou l’excès d’alcool,
- les additifs.
Quid des aliments ?
Ils sont souvent incriminés à tort. Pendant la période qui précède la crise, le prodrome, la plupart des migraineux ressentent une envie irrépressible de manger gras, sucré. Cette tablette de chocolat que vous n’avez pas pu vous retenir de manger n’est pas coupable. La migraine était déjà au travail en coulisse. C’est un des signes précurseurs de crise.
Le plus souvent, ce n’est pas l’aliment lui-même qui est coupable mais les additifs ou des substances contenues naturellement dans l’aliment. Parmi ceux-ci, il y a la tyramine libérant l’histamine. Avant de vous lancer dans des régimes restrictifs, le plus judicieux est d’éviter pendant 2 semaines l’aliment ou la catégorie d’aliments que vous soupçonnez, en essayant avec une seule catégorie à la fois. La tenue rigoureuse d’un calendrier vous permettra de vérifier. Ce serait dommage de se priver des bienfaits des produits laitiers sans raison valable. Vous pouvez aussi lire notre article Additifs et migraineux, ce sont également des déclencheurs potentiels.
Sur notre page Vivre avec la migraine au quotidien sont regroupées de nombreuses astuces utilisées par les migraineux dans des situations courantes pour contourner les difficultés.
Le stress.
Avant de vous sentir coupable car on lui attribue tout et n’importe quoi, il faut bien admettre que vivre sans stress est presque impossible. Souvent, on pense au stress quand il nous arrive des événements désagréables ou que l’on vit des choses difficiles. En réalité, quand on vit à 100 à l’heure en enchaînant les tâches sans pause, on stresse son organisme. Et même quand on vit un événement heureux, on ressent un stress positif. Et le comble du comble, quand le stress retombe, le samedi matin, la migraine pointe le bout de son nez…
Plus que le stress en lui-même, ce sont ses variations que perçoit notre cerveau hypersensible. Dans l’onglet Espace bien-être, vous découvrirez des méthodes pour mieux gérer le stress et en limiter les effets. Voir aussi notre article Le stress et la migraine.
Comment éviter les déclencheurs ?
Il n’est pas possible d’éviter tous les déclencheurs. Voici quelques conseils :
- manger à heures régulières même le week-end,
- dormir à heures régulières même le week-end,
- manger sain des plats préparés maison pour éviter les additifs,
- avoir toujours un en-cas sur soi pour éviter l’hypoglycémie,
- avoir toujours une petite bouteille d’eau à proximité,
- prendre le temps de faire une pause quand on sent qu’on atteint ses limites,
- prendre du temps pour soi, pour faire une activité qu’on aime,
- utiliser des boules en cire ou en mousse pour les oreilles dans les environnements bruyants,
- porter des lunettes de soleil à l’extérieur et un chapeau,
- installer des stores,
- aérer régulièrement,
- faire si possible un peu d’exercice chaque jour,
- parler autour de soi et expliquer la situation,
- faire la liste des situations stressantes pour vous et essayer de trouver des « plans B »,
- pratiquer la méditation, le yoga, la cohérence cardiaque, le Qi Gong : ce sont des pratiques qui aident à être plus calme, moins réactif aux événements extérieurs.
Quelles sont les limites de la gestion des déclencheurs ?
Les déclencheurs peuvent s’additionner et rompre le fragile équilibre.
Assez souvent, en éliminant un ou deux déclencheurs, on arrive à limiter les risques. À condition de les avoir identifiés.
Il arrive un moment où, si l’on veut éviter tous les déclencheurs, la vie sociale devient très compliquée. Cela déclenche la peur d’être confronté à ces déclencheurs et donc du stress qui s’ajoute aux autres déclencheurs.
En cas de migraine chronique, tout peut être déclencheur. Souvent, on se sent coupable de ne pas avoir su gérer. Ce qui n’arrange rien. Le mieux est d’essayer de profiter de tous les instants sans se frustrer. La migraine arrivera. Il est très important de se faire aider par un neurologue et, si possible, une équipe pluridisciplinaire.
En conclusion
La gestion des déclencheurs est d’une aide certaine dans la gestion de la maladie. Le mieux est de choisir judicieusement les déclencheurs qu’on peut éviter sans avoir l’obsession de vouloir tout éviter.
Si les crises sont trop fréquentes, un traitement de fond peut permettre de diminuer l’hypersensibilité du cerveau et donc de limiter les crises. Il ne faut pas hésiter à consulter un neurologue.
Vous êtes une personne avant d’être un malade. Pour notre moral, les moments sympas, c’est bon. Et avoir le moral, c’est aussi très bon pour gérer la migraine. Alors de temps en temps, oubliez les déclencheurs et acceptez le risque de crise. Les bons souvenirs vous aideront à affronter les moments gris.
Rédigé par Sabine DEBREMAEKER.
https://americanmigrainefoundation.org/resource-library/top-10-migraine-triggers
https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/migraine-headache/symptoms-causes/syc-20360201
Mis à jour octobre 2023.