La longue histoire des anti-CGRP

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Un article de Sabine Debremaeker, Présidente de la Voix des Migraineux

Leur saga commence au début des années 1980, en Californie.
En 1980, deux chercheurs découvrent lors de recherches sur la thyroïde une petite protéine qu’ils nomment CGRP (Calcitonine Generated Related Peptide).
Dès lors, de nombreuses recherches sont lancées sur son action dans le fonctionnement du cerveau.
En 1985, Lars Edvinsson, un chercheur suédois, découvre que c’est le plus puissant dilatateur de vaisseaux qu’il ait jamais vu. À l’époque, on expliquait les crises de migraine par la dilatation des vaisseaux sanguins. En 1990, il s’associe à Peter Goasby, un chercheur australien. Il observe chez les migraineux une élévation du taux de CGRP pendant les crises. Un taux qui revient à la normale après la prise d’un traitement de crise.

L’avènement des triptans détourne l’attention des chercheurs vers une autre cible, la sérotonine, impliquée elle aussi dans la migraine.
Les recherches se poursuivent mais moins intensément. En 2002, des chercheurs découvrent que l’injection de CGRP par intraveineuse chez un migraineux déclenche une crise, alors que cela reste sans effet pour les non-migraineux.
Un résultat qui suggère la sensibilité particulière des migraineux à ce peptide et son rôle causal dans la maladie. En effet, la migraine est liée à une hyperexcitabilité anormale du cerveau liée entre autres à des facteurs génétiques. La production anormalement élevée de CGRP au début de la crise envoie un signal de douleur au cerveau. Plusieurs laboratoires tentent alors de fabriquer des molécules bloquant le CGRP. Deux approches sont étudiées en parallèle.

LES GÉPANTS

Les gépants sont des molécules qui agissent contre le CGRP. Leur développement a été abandonné pendant un moment car ils étaient toxiques. Des recherches récentes ont permis de développer des molécules bien tolérées. Ce sont des traitements de crises. Ils agissent en moins de 2h et ne sont pas contre-indiqués en cas d’antécédents cardio-vasculaires. Ils constituent une bonne alternative aux triptans. Les principaux gépants sont :
• Ubrogepant
• Nurtec

LES ANTI-CGRP

Ce que nous appelons couramment les anti-CGRP sont des anticorps monoclonaux. Ils sont basés sur le principe des anticorps présents naturellement dans le corps dont l’action est dirigée vers une cellule spécifique. Ils font partie de la classe des biothérapies. Ce principe est utilisé pour traiter d’autres pathologies, notamment certains cancers. Leur action longue durée en fait une piste de traitement préventif très intéressante. À ce jour, les principaux anti-CGRP sont les suivants :
• Erenumab – AIMOVIG
• Galcanezumab – EMGALITY
• Fremanezumab – AJOVY
• Eptinezumab – VYEPTI

Après 35 ans de recherche, les premiers traitements sont enfin disponibles.
D’autres traitements sont à l’étude mais l’expérience des anti-CGRP fait gagner du temps. C’est une autre histoire.

Rédigé par Sabine DEBREMAEKER.

Sources :

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/migraine

https://www.migraine.fr/migraine-nouveaux-traitements/

https://www.researchgate.net/publication/331791979_Cephalees_et_migraines_Nouvelles_therapies

Mis en ligne le 27 mars 2023