Pourquoi est-ce si difficile de trouver le bon traitement ?

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Un article de Sabine Debremaeker, Présidente de la Voix des Migraineux

Nous partageons tous un rêve légitime : vivre normalement, en bonne santé, sans frustration et sans imposer notre pathologie aux proches. 

Plusieurs étapes se succèdent dans le vécu avec une maladie chronique. Au début, nous souhaitons tous un traitement miracle qui nous guérisse rapidement et nous permette de vivre normalement. Puis, progressivement, nous constatons que nous devons faire des concessions. 

Les médecins apportent différentes réponses concernant cette difficulté à trouver le bon traitement : nous sommes tous différents et il leur faut trouver le traitement adapté à votre cas. La science doit encore faire des progrès. 

Nous sommes tous différents, d’accord. Mais qu’est-ce que ça signifie ?  

Voici les principaux éléments que doit prendre en considération un médecin avant de vous proposer un traitement. 

Les caractéristiques des médicaments, les recommandations. 

Les traitements disponibles ET remboursés par la CPAM ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour votre pathologie. En effet, si le traitement n’est pas spécifiquement indiqué pour celle-ci, la CPAM ne le rembourse pas. Le praticien doit dans ce cas préciser “hors AMM” sur l’ordonnance. 

Même en ayant l’AMM, les traitements sont classés en fonction du niveau de preuve scientifique et du niveau de tolérance. 

NIVEAU DE PREUVE SCIENTIFIQUE 

Le niveau est déterminé en fonction de plusieurs critères (aussi appelés Evidence Based Medecine), évalués par la Haute Autorité de Santé (HAS) : 

Preuve scientifique établie  :

Présomption scientifique  :

Faible niveau de preuve  :

NIVEAU DE TOLÉRANCE 

Celui-ci est déterminé par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) : 

En résumé, le médecin doit évaluer avec vous le rapport bénéfice / risque. 

LES RECOMMANDATIONS  

Celles-ci sont rédigées par les sociétés savantes concernant la pathologie en s’appuyant sur les données scientifiques. Elles sont régulièrement mises à jour. 

Cela fait beaucoup me direz-vous, alors pourquoi autant se prendre la tête ? 

Parce que notre corps est composé de différents organes qui interviennent dans l’assimilation des médicaments et dans l’élimination des déchets : estomac, foie, pancréas, intestin, reins… 

Les principales substances impliquées dans la façon dont notre corps et ses organes fonctionnent sont : la dopamine, la sérotonine, le cortisol, l’oxygène des enzymes pour la digestion et des dizaines d’autres. Les médicaments agissent sur ces substances. 

La plupart des médicaments absorbés par voie orale passent par l’estomac et les intestins où ils subissent des transformations. Ainsi, une partie des médicaments est irrémédiablement perdue. Ensuite vient le foie qui joue un rôle très important : il transforme les médicaments pour qu’ils soient exploitables. S’il fonctionne mal ou trop, cela influe sur la quantité du médicament exploité mais aussi sur sa qualité. Les déchets sont ensuite éliminés par les reins. De la même façon, s’ils fonctionnent mal, les déchets ne sont pas éliminés correctement et cela a des conséquences sur la santé.  

Cela peut aboutir à une insuffisance rénale ou hépatique. Une insuffisance rénale peut conduire à terme à la nécessité d’être dyalisé ou de subir une greffe du rein ; une insuffisance hépatique peut se transformer en hépatite. Ainsi, sachez que le paracétamol est l’une des premières causes de décès par hépatite médicamenteuse. 

Vous l’avez compris, nous sommes différents non seulement à cause de nos maladies et des médicaments ingérés, mais aussi à cause de notre environnement, de la période de notre vie que nous traversons, de notre métabolisme individuel. Tout est imbriqué et contribue au bon fonctionnement de notre corps. 

La science doit encore faire des progrès.  

Un autre paramètre entre en ligne de compte : notre phénotype ou pour faire simple, notre ADN. Celui-ci ne détermine pas que la couleur de nos yeux ou les maladies héréditaires. Il détermine la façon dont tous les organes impliqués fonctionnent et réagissent aux médicaments. Il joue un rôle important dans notre sensibilité aux effets secondaires. C’est en partie pour cela qu’il est presqu’impossible de prévoir si une personne va prendre 20 kg avec un médicament, devenir dépendant à celui-ci, etc. L’ADN a donc un impact mais aussi la façon dont notre ADN réagit à notre environnement. Cet aspect s’appelle l’épigénétique. 

La recherche avance dans ces derniers domaines. Mais nous devrons attendre encore plusieurs années avant d’en voir les résultats. Les thérapies géniques sont basées sur ce système. Pour l’instant, les principales maladies visées sont les cancers. 

Vous avez néanmoins plusieurs cartes à jouer pour influer sur vos chances de trouver le bon médicament. La clé de la réussite est un vrai partenariat entre le patient et son soignant.  

A la fin, c’est VOUS qui décidez de donner une chance à ce traitement. Il ne peut pas vous être imposé. 

A partir de là, il est vraiment important d’y croire car l’effet placebo existe réellement et se voit physiquement dans le cerveau. Son contraire, l’effet nocebo (dont la conséquence est l’inefficacité totale ou relative du traitement) est également une réalité.  

Toutes ces raisons signifient qu’il est peu utile et même contre-productif de demander aux autres patients de partager leurs expériences sur l’efficacité d’un traitement pour décider ou non de le prendre. Cela pourrait vous faire perdre à vous une chance de moins souffrir. 

Définitions Utiles : 

Retrouvez les informations sur la page dédiée de l’Assurance Maladie.

L’article L. 1111-4 du code de la santé publique précise à cet égard que “Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions concernant sa santé. (…). Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement.” 

Il faut en parler aux pharmaciens et aux médecins. Ceux-ci pourront vous renseigner, vous dire s’ils sont inquiétants ou acceptables selon les données recueillies. En cas d’effets secondaires, vous pouvez faire un signalement à l’ANSM ou aux Centres régionaux de pharmacovigilance : 

https://ansm.sante.fr/documents/reference/declarer-un-effet-indesirable

Ces signalements sont très importants car cela permet de collecter les données. 

Enfin, même si l’effet secondaire est considéré comme bénin par un professionnel, c’est à vous de décider si vous le considérez acceptable ou non pour aller mieux. Il n’y a pas de médicaments sans effets secondaires. Le calcul se fait sur le rapport bénéfice/ risque. 

Références : 

https://pharmacomedicale.org/pharmacologie/pharmacocinetique/36-etapes-du-devenir-du-medicament/74-absorption

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/genetique-37-genes-sont-actives-differemment-chez-homme-femme-57240/

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/des-medicaments-pour-reguler-notre-genome_110126

https://www.vidal.fr/infos-pratiques/prescription-et-delivrance-des-medicaments-prescription-et-delivrance-regles-generales-id14189.html

https://sfpt-fr.org/covid19-foire-aux-questions/107-essais-cliniques/1264-14-%C2%AB-l%E2%80%99evidence-based-medicine-%C2%BB-ou-la-m%C3%A9decine-bas%C3%A9e-sur-les-preuves

https://ansm.sante.fr/documents/reference/presentation-des-donnees-de-securite

Mis en ligne le 7 janvier 2023