La photophobie : principe, causes et traitements

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Rédigé par la Docteur Kathleen B. Digre

Un article de l’American Migraine Foundation

Traduit de l’anglais par Théo Delaunay, étudiant en 2ème année du master TSM (Traduction Spécialisée Multilingue) du département LEA de l’Université de Lille, dans le cadre de la validation de sa matière “Traduction bénévole”. Tutoré par Morgane Rivera Vargas, traductrice professionnelle et bénévole à l’association La Voix des Migraineux.

La sensibilité excessive à la lumière, souvent appelée « photophobie », est un symptôme fréquent de la migraine. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer le lien entre ces deux pathologies, ainsi que de répondre à quelques questions fréquentes sur la sensibilité à la lumière.

La photophobie, ou l’hypersensibilité à la lumière, est un symptôme fréquent de la migraine, ainsi que l’un de ses critères diagnostiques. Cependant, certaines personnes peuvent être atteintes de photophobie sans pour autant que celle-ci soit accompagnée d’autres symptômes de la migraine. Pour certains cas les plus graves, cette sensibilité à la lumière peut devenir quotidienne et invalidante au jour le jour. Pour un symptôme aussi fréquent de la migraine, la photophobie fait pourtant l’objet de peu de recherches et, bien souvent, d’une incompréhension.

En quoi consiste-t-elle ? Comment est-elle liée à la migraine ? Et existe-t-il des traitements ?
Lisez notre article pour en savoir plus.

Quels sont les symptômes de la photophobie ?

Les personnes photophobes ont parfois la sensation qu’il y a « trop de lumière ». Ceci est dû à une sensibilité accrue à la lumière naturelle habituelle, provoquant une gêne, voire même de la douleur. Bien entendu, tout le monde y est plus ou moins sensible (pensez, par exemple, à la sortie d’une salle de cinéma sombre sur un extérieur ensoleillé). Mais ce sentiment d’inconfort, qui accompagne un changement de luminosité ou de lumière, disparaît rapidement pour la plupart des gens. Les personnes souffrant de photophobie, à l’inverse, rencontrent plus de difficultés à s’habituer à une forte lumière. Elles peuvent même ressentir une gêne ou de la douleur lorsqu’elles sont exposées à la lumière naturelle habituelle.

Dans la plupart des cas, quand on souffre de photophobie : plus la lumière est forte, plus le sentiment d’inconfort sera grand. La longueur d’onde de la lumière (qui détermine sa couleur) jouerait également un rôle important : la lumière bleue, par exemple, a tendance à être plus gênante que les autres couleurs. La lumière intérieure, à la maison ou au bureau, peut aussi avoir des répercussions sur les symptômes ressentis. Pour une personne habituée à une lumière plus tamisée aux couleurs plus chaudes, la lumière extérieure ou les couleurs plus froides peuvent paraître plus lumineuses.

Quelles sont les causes de la photophobie ?

Nous ne savons pas exactement quelles régions du cerveau sont responsables de la sensibilité à la lumière, mais des études récentes nous permettent de mieux la comprendre. Avant d’arriver à notre cerveau, la lumière passe d’abord par les voies visuelles en passant par la rétine, une membrane présente au fond de l’œil. Les cellules de la rétine ont pour rôle de capter la lumière et de la transformer en signaux électriques, qui sont ensuite décodés et interprétés par notre cerveau : c’est par ce processus que la lumière est « traduite » en images ou lettres, que nous voyons et lisons.

La rétine comporte un second réseau de cellules ganglionnaires, dites à mélanopsine. Celles-ci ne servent pas à distinguer les formes, les objets et les mots, mais précisément à capter la lumière. Ces cellules sont présentes en plus petit nombre dans la rétine, mais une fois qu’elles sont stimulées, elles le restent. Une possibilité serait que la membrane de la rétine, et ce réseau de cellules ganglionnaires à mélanopsine, contribueraient à une certaine perception de la luminosité pouvant causer la gêne ressentie par les personnes photophobes.
Nous savons également que ces cellules sont reliées au nerf trijumeau. Celui-ci permet la transmission des sensations perçues par le visage et le cou et joue un rôle central dans les douleurs associées aux migraines (pour plus d’informations sur le nerf trijumeau, se référer à notre page dédiée). L’existence de ce réseau de cellules dites à mélanopsine expliquerait aussi pourquoi les personnes aveugles peuvent malgré tout souffrir de photophobie.

Si la migraine est la pathologie la plus souvent associée à une photophobie constante, d’autres causes peuvent exister. Par exemple, des fibres nerveuses « nociceptives » (responsables de la perception de la douleur) du nerf trijumeau sont présentes dans la cornée, l’iris (qui donne leur couleur à nos yeux) et même au fond de l’œil. Chez certaines personnes, la sécheresse oculaire peut également être une cause.

D’autres troubles neurologiques peuvent causer de la photophobie, notamment les tumeurs pituitaires et la méningite (il s’agit d’une inflammation des méninges, qui sont les membranes protectrices recouvrant le cerveau et la colonne vertébrale).

Les deux causes les plus courantes restent la migraine, et le blépharospasme (un clignement anormal, involontaire et spasmodique des paupières). La sécheresse oculaire peut, quant à elle, aggraver un cas de photophobie chronique. Il est donc préférable d’en parler avec un ophtalmologue.

Comment traiter la photophobie ?

Suivant le diagnostic établi, il existe plusieurs traitements possibles pour la photophobie. Par exemple, si vous êtes atteint de sécheresse oculaire, votre médecin peut vous prescrire des larmes artificielles, un gel ou une pommade pour soulager les symptômes. Les migraines accompagnées de photophobie occasionnelle nécessiteront généralement des médicaments de crise ou de secours ayant une action immédiate, tels que des triptans ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Un traitement de fond de la migraine peut également aider à combattre une photophobie chronique.

Des verres teintés, ainsi que des verres anti-lumière bleue ou des verres rouges, permettraient également de diminuer la sensibilité à la lumière. Ces verres sont disponibles sans ordonnance. Pour plus d’informations, renseignez-vous auprès d’un professionnel de la vue. L’exposition à la lumière verte aiderait également à soulager la photophobie (notez que, cependant, de simples lentilles teintées en vert ne suffisent pas). Vous pouvez aussi porter des lunettes de soleil lorsque vous êtes en extérieur afin de vous protéger de la lumière.

Les comorbidités de la photophobie, telles que les troubles du sommeil, les symptômes dépressifs ou l’anxiété, peuvent, elles aussi, nécessiter un traitement.

Foire aux questions sur la photophobie

Pourquoi suis-je hypersensible à la lumière ?

La photophobie peut être causée par de nombreux facteurs, c’est pourquoi votre médecin vous examinera minutieusement afin de déterminer la ou les causes. La plupart du temps, elle est due à la migraine, au blépharospasme ou à de la sécheresse oculaire.

Que puis-je faire pour soulager ma photophobie ?

Avant toute chose, il est important de traiter la cause de votre photophobie si celle-ci a été identifiée. Par exemple, si vous souffrez de sécheresse oculaire, vous devriez traiter celle-ci en premier lieu. En plus de cela, veillez à ne pas vous retrouver trop régulièrement dans des environnements avec peu de lumière (évitez les pièces sombres et les vitres teintées). Augmentez peu à peu la luminosité de votre environnement quotidien, afin de vous habituer à des lumières plus fortes. Assurez-vous également de dormir suffisamment, et de remédier à tout signe de dépression ou d’anxiété, ceux-ci pouvant aggraver vos symptômes.

Est-ce que les verres teintés fonctionneront sur moi ?

Il est difficile de savoir avec certitude si les verres teintés fonctionneront pour vous, le meilleur reste donc encore d’essayer. L’idéal est d’éviter d’utiliser des verres teintés quand vous êtes en intérieur. En effet, plus vos yeux sont habitués à un environnement sombre, plus ils seront sensibles à la lumière.

Comment les verres teintés ou traités fonctionnent-ils ?

Même si nous ne sommes pas certains de l’efficacité des verres teintés ou traités pour atténuer la sensibilité à la lumière, il est possible que ceux-ci aident en filtrant certaines longueurs d’onde (et donc couleurs). Les verres traités à cet effet filtrent la lumière bleue. La lumière bleue poserait problème aux patients atteints de photophobie.

Où puis-je me procurer des verres teintés ou traités ?

Certains opticiens peuvent vous proposer des verres teintés ou traités. Rapprochez-vous de votre opticien.

Source :  https://americanmigrainefoundation.org/resource-library/what-is-photophobia/

Mis en ligne le 5 décembre 2023